Situation de la commune

Sabres est une commune de 1.300 habitants du département des Landes, située au cœur du plus grand massif forestier d’Europe, intégrée dans le Parc Régional des Landes de Gascogne. Elle connut la prospérité au début du XX ème siècle par l’exploitation d’une forêt initiée par Napoléon III qui s’attacha à civiliser cette région oubliée. Des incendies dévastateurs se produisirent dans les années cinquante. En plus de cette calamité, plusieurs tempêtes eurent lieu ces vingt dernières années,  et ont remanié son paysage déjà modifié par l’apparition d’immenses zone de cultures intensives. Mais il est bon aussi de rappeler que c’est seulement au cours de ces dix dernières années,  qu’une diversification légumière vit le jour. Par ailleurs, Sabres héberge l’un des rares musées de plein air français, Marquèze, un quartier au cœur de la forêt,  conservé en son état du début du XX ème siècle.

L’activité

Chaque année, au début du mois de novembre, Sabres organise une manifestation sur la situation de la commune, dans son lieu géographique, pour mieux comprendre l’environnement, l’évolution et l’interaction avec les habitants de Sabres. Cette année, à l’ordre du jour : l’activité forestière et agricole, de ce fait, l’Association des Automnales de Sabres retint le sujet des « Insectes pollinisateurs », « Entre crainte et espoir ». Il faut savoir que les insectes qualifiés de pollinisateurs contribuent à leur insu au développement des plantes en assurant leurs reproductions par le transport de semences lors des recherches de nourriture, le nectar. Le principal insecte pollinisateur est l’abeille.

 

Evolution

L’ordre des hyménoptères auquel appartient l’abeille apparut sur Terre il y a 120 millions d’années. Si l’on en reste à 100 millions d’années, les premières abeilles solitaires ne vivant pas en communauté, virent le jour. Mais encore, les premières abeilles vivant en collectivité Apis, apparurent au Moyen Orient il y a 40 millions d’années, puis en Europe il y a 20 millions d’années. Idéalement,  l’homme n’apparaîtrait que depuis deux millions d’années !

 

L’abeille

Il existe de nombreux insectes pollinisateurs :  mouches, papillons et aussi le moustique mâle, mais le meilleur d’entre-eux est l’abeille. Il existe des milliers de races d’abeilles de par le monde. On en compte près de mille en France répertoriées en deux catégories :

  • les abeilles vivant en collectivité
  • celles vivant individuellement.

 

L’abeille que nous connaissons tous, Apis mellificat et les bourdons sont qualifiés de domestiques car ils côtoient l’homme. Les autres, tels les halicites sont nommés sauvages et ont un comportement agressif envers l’homme. Les races solitaires sont les plus nombreuses avec la grande différence de leurs nids souterrains. Une abeille unique creuse un nid à 20 cm de profondeur donnant accès à une dizaine de poches et y dépose dans chacune une larve. Les autres nichent dans des trous des murs, des tiges creuses. Ensuite, des maisons à insectes se développent dans le commerce, constituées de fines branches creuses ; et ces maisons sont principalement habitées par ces abeilles solitaires.

 

La pollinisation anthomophile.

L’insecte à la recherche de nectar et de propolis pénètre au plus profond de la fleur pour atteindre sa nourriture. Il y a des insectes à trompe longue et d’autres à trompe courte. La trompe s’adapte aux fleurs qu’ils butinent, profondes ou en corolles. Lors de la quête, son corps se couvre du pollen de la fleur et lorsqu’il visite la fleur suivante, il transmet la semence reproductrice nécessaire au développement de la graine.

Quant à l’abeille, elle ne visite qu’un seul type de fleur à chacune de ses sorties, ainsi elle ne mélange pas les pollens. Certaines sont mêmes spécialisées sur une fleur unique. En effet, une abeille solitaire se consacre à la seule fleur du lierre et ne sort de terre qu’à l’unique moment de sa floraison de fin septembre à octobre.

Apis mellificat est la plus performante en matière de récolte de pollen. Son corps est couvert de poils fourchus qui accrochent de grandes quantités de pollens. Elle stocke aussi dans ses pattes arrières des boules de pollen et les protège d’une substance fine afin que celle-ci arrive intacte dans la ruche, faisant en sorte que l’humidité, plus particulièrement, ne gâte pas le miel. C’est la raison pour laquelle le miel se conserve car il ne contient pas d’eau.

 

Les abeilles menacées

 

Les menaces sont de plusieurs natures :

 

Les prédateurs naturels :

Il s’agit des oiseaux et plus particulièrement du guêpier qui porte bien son nom ou du pic-vert, des insectes carnivores comme les guêpes ou les frelons, des mammifères comme les souris. Depuis quelques années des prédateurs venus d’Asie font des ravages. Il s’agit du frelon asiatique et du varroa. Ce dernier est un parasite, gros comme une puce, qui  s’incruste sur le dos des abeilles et les épuisent.

 

L’homme et ses modes de cultures :

 

La culture intensive :

Les hommes, devenus sédentaires, ont constitué autour de leurs gîtes des espaces de cultures variés et d’élevages. Ils vivaient de la production de leurs terres réduites à l’échelle des moyens de la famille. Ils pratiquaient une culture vivrière où les haies cloisonnaient les propriétés afin de les délimiter. Ces haies représentaient le repère d’une multitude d’insectes, de petits mammifères et des oiseaux s’en nourrissaient, devenant eux-même la cible de prédateurs plus gros et plus mobiles. Des arbustes à baies diverses peuplaient ces haies. Les prairies pour l’élevage étaient également le repère de vers, d’insectes provoquant eux-aussi une chaîne alimentaire et la croissance de nombreuses fleurs sauvages. Trente espèces pouvaient vivre en ces lieux.

La disparition progressive des haies afin d’augmenter les surfaces agricoles et de faciliter la performance des engins mécaniques a provoqué la disparition d’une population de près de la moitié des espèces. En outre,  le remembrement pour arriver à des surfaces, les plus grandes possible pour exercer une culture intensive, a achevé la destruction des espèces. Il ne subsiste plus que des grands mammifères, comme les chevreuils, sangliers, ou des plus petits, lièvres, lapins, souris et musaraignes, oiseaux rapaces prédateurs. Tous les insectes ont ainsi disparu.

 

Pollution, destruction

La culture productiviste par l’emploi massif d’engrais chimiques, de traitements herbicides, de fongicides, d’insecticides, de régulateurs de croissance, de pesticides, a laminé les sols et détruit méthodiquement tous les insectes. Plus sournoisement, des traitements sur les céréales, l’horticulture et l’agriculture maraîchères, s’ils ne tuent pas les abeilles, ont pu,  à terme pénétrer leurs organismes et modifier génétiquement les comportements.

Le miel en France

Les effets constatés sur la production de miel en France expriment pleinement ces constats. En 1995, la France produisait environ 32.000 tonnes de miel. En 2016 elle n’était plus que de 9.000 tonnes. Le nombre de ruches a passé de 60.000 tonnes en 2000 à 29.000 en 2010. On a constaté que sur cette période le nombre des exploitations avait baissé de 10.700 pour arriver à 5.300 ; Celles-ci étaient devenues plus importantes et plus professionnelles.

 

L’adaptation des abeilles à leur milieu

Trois ruchers servirent d’expérimentation. Un dans la région parisienne, l’autre dans le sud-est puis, le dernier,  dans le sud-ouest avec l’abeille noire. On pesa régulièrement, durant deux ans chaque ruche. On découvrit alors que la présence de fleurs plus ou moins conséquente selon le moment de la saison,  influait sur la production de miel . Ainsi le rucher de la région parisienne, produisit des quantités importantes très tôt dans la saison, alors que celui du sud-ouest n’en produisit plus, qu’en fin de saison.

Les apiculteurs permutèrent les ruchers entre les régions. C’est ainsi qu’ils constatèrent que les abeilles ne s’adaptaient pas rapidement à leurs nouveaux domiciles. Elles conservaient leurs anciens rythmes de butinages et il leur a fallu plus d’une saison pour s’adapter à leurs nouveaux lieux. En conséquence de quoi, il apparût que tout changement d’environnement perturbait l’abeille.

 

L’homme menacé par la disparition des abeilles

 

Toutes espèces confondues, les abeilles contribuent à la reproduction sexuée de plus de 80% des espèces de plantes à fleurs ! La majorité des végétaux sur la planète provient de la fleur produisant la graine. Les végétaux représentent un élément important dans la nourriture de l’homme. Ils sont aussi la nourriture des mammifères que l’homme mange. Par voie de conséquence, l’homme ne peut que s’en trouver menacé !

 

En conclusion

 

Les insectes peuvent remplacer les protéines des viandes manquantes, à condition qu’eux-mêmes soient sauvegardés ! Ce qui veut dire,  que l’homme doit  sauvegarder les abeilles, meilleures amies de l’homme ! Les abeilles apportent un complément indispensable à la pollinisation par le vent. Des expérimentations ont montré que les fleurs des fruitiers privées d’un accès aux abeilles produisaient des fruits moins gros que ceux qui pouvaient accueillir les insectes pollinisateurs.

Tandis que l’homme depuis son apparition sur terre a toujours détruit l’environnement dans lequel il vivait ; il a principalement contribué à la disparition d’espèces animales nombreuses ; il modifie, pour satisfaire sa domination, les environnements air, terre et mer et toutes les espèces qui y participent. Dans ces conditions, il devra se montrer vigilant pour ne pas devenir l’apprenti-sorcier de son espèce !

A bien considérer les choses, adopter plus de sagesse dans son développement, respecter son environnement, sont des automatismes qui devraient lui permettre de conserver son titre. S’il semble que conscience soit prise globalement, selon les initiés, toutefois le productivisme traîne dans son adaptation et c’est bien regrettable.

 

 

 

 

Image parDavid Hablützel de Pixabay


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