Une image d’amour
En 1972, elle avait enfin un visage. Regardez cette photo concernant la pollution industrielle mille fois plus parlante que n’importe quelle étude scientifique. Voyez ce qu’a fait la pollution industrielle au Japon à Tomoko dans son bain.
Minamata, dans le sud du Japon
Cela se passe au cours des années 1950, les habitants observent un mal étrange qui frappe les animaux, puis les humains, atteints de lésions neurologiques et de malformations physiques. A l’origine, le mercure rejeté dans la mer par l’usine chimique Chisso qui contamine toute la chaîne alimentaire. Il faudra vint-cinq années de lutte acharnée pour que les coupables soient condamnés. Les poursuites ont été longues avant d’aboutir pour le règlement des indemnités. Le mal de Minamata a fait officiellement 14 000 victimes dont 1000 morts.
Preuves insoutenables
Elle s’appelle Tomoko Uemura. Elle a été empoisonnée par le mercure dans le ventre de sa mère : c’est avec cette légende qu’a été publiée (en juin 1972, dans le magazine Life), l’insoutenable photo de « Tomoko dans son bain ». W. Eugène Smith découvre la pollution de Minamata en 1970. Sa veuve a décidé de soutenir la résistance des habitants, elle considérait qu’il s’agissait d’un devoir moral.
La pollution responsable
Le couple Smith s’installe dans une masure en terre battue, tout près de la famille de Tomoko. Chaque jour sa mère portait Tomoko sur son dos. Eugène a senti qu’il y avait là un message puissant. Alors photographe, il propose une séance de photos et suggère le moment du bain. La mère de Tomoko accepte, afin de « montrer au monde ce que la pollution avait fait à sa fille ».
Eugène Smith
Le rendez-vous est pris un après-midi, à l’heure traditionnelle des ablutions. Un filet de lumière pénètre doucement d’une fenêtre latérale. Le photographe rajoute deux unités de flash pour souligner le jeu des ombres. Lentement, la mère entre dans la baignoire en portant sa fille inerte. Les yeux remplis de larmes, W. Eugène Smith prendra cinq ou six photos. La photo, comme vous le voyez, crève la pellicule. Les membres, hors de l’eau sont mutilés, le visage de Tomoko est tendu vers le regard affectueux de sa mère. Tomoko semble sourire. Ce jour-là, « c’est une image d’amour », dira le photographe.
Campagne d’opinion en faveur des victimes du Mercure
« Grâce à cette photo, la pollution industrielle avait enfin un visage », dira Ralph Nader, avocat à Washington. Grand défenseur des excès de la société industrielle, il s’est lancé, dès 1972, dans cette campagne. Il y réussit car, à Minamata, les choses commencèrent à bouger. Dimiyo ltoh est responsable d’une association de victimes.
D’aucuns verront qu’il n’y a rien de comparable entre le mercure et le méthane. C’est vrai, mais ajouté aux méthodes de prospection de gaz qui ruinent un paysage, il y a ce risque d’empoisonnement certain avec un gaz inhalé à fortes doses, le méthane. Car il ne faut pas oublier que nous ne sommes jamais à l’abri d’une accumulation. Des faits dangereux, s’ils s’avèrent nombreux, peuvent aboutir invariablement à une catastrophe d’origine humaine et écologique.
Autre fait isolé et troublant, il paraît que la photo a fait le tour du monde, mais les parents de Tomoko ne l’ont pas supporté. Leur fille est morte mais la photo, elle, a continué de survivre. Quel fardeau peut-on imaginer pour cette famille d’avoir incarné à elle seule, toute la souffrance d’une petite ville côtière située sur l’île de Kyûshû au Japon.
Que peut faire la pollution ?
LE GAZ DE SCHISTE
Un projet de prospection de gaz de schiste qui inquiète les populations.
Ce gaz qui fait peur.
Il existe actuellement dans certaines régions, en Dordogne principalement, un grave risque de pollution qui ferait suite à l’aboutissement d’un projet d’exploitation commerciale à grande échelle de gaz présent dans les couches profondes de roches de schistes. Sa réalisation, prévue pour donner une indépendance énergétique, pourrait néanmoins coûter un désastre écologique.
De là à construire un parallèle avec le mercure… comment ne pas oublier ce qui s’est passé dans les années 50 à Minamata, au Sud du Japon ? Ce phénomène de pollution du, cette fois, au mercure ?
Pollution en Dordogne
La méthode d’exploitation de ce gaz présent de manière diffuse dans ce pays dans des couches profondes a de quoi inquiéter. En effet, afin de fracturer les roches profondes (au moins 2 000 mètres), il est nécessaire d’injecter des millions de litres d’eau mélangés à des solvants à très forte pression.
En ce qui concerne le gaz de schiste, voir le blog d’Ardwen Gifibrille, il nous conduit au cœur de ce problème de pollution dans sa Dordogne. Ses articles expliquent clairement les dangers de ce gaz, représentant un véritable problème sur lequel les habitants des régions devront se faire un devoir d’alerter les maires et les populations.
Un risque de pollution des nappes phréatiques.
On peut parler sans crainte, d’atteintes aux paysages, d’effets nocifs d’un gaz, le méthane, à haute quantité, de gros risques de pollution des eaux. Plusieurs aspects sont convergents en matière de destruction. Les aspects économiques, environnementaux, les risques sismiques, le lobbying, D’autres problèmes verront le jour, relatifs à l’utilisation des terres par la suite, la fracturation hydraulique, l’emploi d’une grande quantité d’eau.
Nuisances et autres préjudices.
Ce sont celles des camions-citernes sur les routes. Le traitement des eaux salées, les boues de forage, la contamination par le gaz, la contamination par les produits chimiques, les problématiques du H2S et du CO2, les séismes engendrés par la fracturation hydraulique, l’acide carbonique, les gazoducs et les risques d’explosions ou implosions, les fuites de gaz aux puits, les torchères, problèmes touristiques, les dévaluations foncières.
Enfin, ce sont celles de la pollution visuelle, sonore, olfactive, et particulaire, la luminosité, la balance financière négative pour les collectivités locales, les assurances et la responsabilité civile à prendre en compte.
Pollution dans le Lot
A Gramat, dans le Lot un article paru dans le journal Sud-Ouest du 3 mai 2012 précise que La Dreal venait de terminer l’instruction du permis de Cahors et l’avait validée. C’est l’information a été révélée par l’association anti-gaz de schiste « Vigilance Périgord », par le biais de sa coprésidente Dominique Pouyer-Hue. Voir aussi ce site.
Toxicité du méthane
La principale toxicité est le méthane à hautes doses. Futura Sciences indique que comme tout gaz autre que l’oxygène, le méthane est toxique lorsqu’il représente un pourcentage trop élevé dans l’air, en ce sens où la disponibilité de l’oxygène en sera amoindrie. Le résultat est que chaque inspiration est beaucoup moins efficace dans l’absorption d’oxygène et cela peut conduire à l’asphyxie si le méthane est en trop grande concentration dans l’air et/ou si son inhalation est prolongée. Certains gaz comme le monoxyde de carbone sont toxiques à faible dose car ils ont des propriétés chimiques particulières (fixation irréversible à l’hémoglobine pour cet exemple). Le méthane ne semble pas toxique à faible concentration. En effet, nous avons des bactéries méthanogènes au niveau du gros intestin, responsables en partie des flatulences constituées de méthane.
(C) W. Eugène Smith
Sources : Agence Capa, éd. Duchêne
2 commentaires
Adwen · 01/25/2014 à 17:45
commentaire d'Ardwen du 8 mai 2012Un très joli article, avec un parallèle tout à fait concevable!En effet, les méthodes sont toujours un peu les mêmes : le forcing, le profit, l'ignorance de la population sur les projets les plus graves la concernant directement, l'irréversibilité de cespollutions, la force de ces multinationales qui ne s'encombrent pas de morale ou de santé publique, d'humanité ou d'cologie…Leur seul souci est le rendement, à tous prix!Et quand bien même un jour on les condamne, le peu qu'elles donneront ne les écorchera même pas! Et surtout, ne les empêchera en rien d'aller continuer ailleurs, après avoir pris ce qu'ellevoulaient.Ce sont ces sociértés, en somme, qui sont le vrai pouvoir, imposant par la force de la finance, la seule vraie menace pour les Etats, ces projets odieux, sous couvert d'utilité publique…Ces informations en général ne sont pas distribuées le soir au grand rendez-vous du 20h, il faut aller les chercher…Continuons à faire circuler ces informations majeures, bien trop discrètes…
Jacqueline RIZET CARON · 10/24/2014 à 13:42
Blog et articles très intéressants !bien d'accord avec le comm précédent : rendement à tout prix et surtout pour le prix !!!