Réalité sans fiction
BRINDILLE
Alors, le Président s’adressa à elle, face au parterre de Jurés :
« Ôtez donc ces cheveux de devant votre visage, afin que l’on vous voit ! »
Les visites
Il était une fois, dans une maison à étage située dans le centre de Muralgnac, une jeune fille de 14 ans dont la chambre jouxtait celle des parents. Ils avaient mis au monde cette jeune fille qu’on trouvait fort appréciable. Mais, dans ce couple, personne ne le savait ni même ne se préoccupait de ce qu’elle faisait et encore moins de ce qu’elle manigançait.
La mère
Quand elle y pensait, elle avait une fille qui l’étonnait : Il était un fait acquis qu’elle réclamait sa présence, ses marques d’affection, « faisait de la sentimentalité bébête ». Sans doute eût-elle voulu qu’on ne la laissât point seule ! Mais enfin, elle n’avait pas que ça à faire, à ce jour, s’occuper de cette enfant qui la voulait sans cesse !
Quand on sait que l’amour maternel est, chez les humains, à l’exemple des animaux, tout simplement composé d’instincts les plus basiques et qu’ils cessent quand les enfants peuvent se débrouiller seuls, on ne peut s’étonner d’un comportement aussi inamical. Une musique pas maternelle aux sonorités difficiles à accepter pour une enfant.
Cette mère pensait : « Cette fille est trop grande. Elle n’a pas à m’implorer de la sorte ». Sans compter que c’était mission impossible pour elle, d’agir autrement. Élevée durement par un père son âme était devenue impénétrable. Par conséquent, auprès de sa fille, elle se sentait une étrangère et si sollicitations il y avait, elles ne pouvaient avoir de retour. Aussi elle évoquait un manque de temps pour décliner les après-midis en sa compagnie. Elle préférait de loin le mari qui la gâtait.
Ses diamants
Son mari, mon père employait dans le foyer des paroles qui dégageaient un sentiment profond de supériorité et malgré ses générosités, il se décrivait au-dessus du cercle des humains. Combien de fois n’avais-je été surprise par cette cinémathèque de caractère !
Quant à ma mère et ses froideurs alors que les tiers la voyaient non souriante, elle apparaissait parée d’éclats de diamants mais ils brillaient si profondément qu’on ne pouvait apercevoir le reste malgré l’étonnante grandeur de ses qualités !
Sa chambre
A première vue, elle avait toujours été grande, confortable rassurante où d’immenses placards muraux s’appuyaient contre le mur de celle des parents avec une porte donnant sur le palier.
Mais, quelle erreur de penser y rencontrer le bonheur. Les portes étaient peintes en bleue formant une pâle cloison de placards redoutable, sinistre !
« Voilà celui qui osait pousser la porte »
L’arbre vert
La nuit, souvent, il approchait avec un bruissement de feuilles, si léger qu’il ne réveillait pas l’épouse qui dormait dans la chambre à côté. La descente de lit entrelaçait ses racines usées sous un tronc couvert des mousses de sa dignité. Une pendule fluorescente crachait un cinq heures du matin ; Il se penchait un moment à la flairer, avant de déployer dans la soie des draps, des tentacules dénudées. Sans doute, à ces moments, l’arbrisseau couché au fond d’un ruisseau cherchant libération se lamentait de savoir s’il était là pour espérer simplement l’embrasser ou bien si son œil affamé allait briser le tabou légendaire qu’il ne s’était jamais posé…
Rompue d’habitude, elle sentait qu’il écrasait ses branches, lui respirait dans le nez, qu’elle faisait un constat indigné d’une nouvelle oraison avec son habituelle litanie.
On l’avait bien compris, si la foule savait, elle se serait jetée sur elle ! Et pour cause : Personne n’avait jamais demandé une clé de cette porte qui laissait passer un courant de vent glacé. Dans l’accès même de ses douleurs et plaintes, jamais elle ne s’opposait !
Quid des mécanismes de précision qui se répètent inlassablement mais qu’on ne tente pas d’arrêter ?. Quid du bonjour qui magnifie l’infamie auquel on ne répond pas et de l’au-revoir qui le sanctifie auquel on ne réagit pas ! Un abîme d’effroi dans un océan de félonie.
L’enfer de Dante
C’était l’effet de surprise. Réveillée en sursaut dans l’obscurité par le bruissement du drap qu’on soulève, l’arbre aux longues tiges, la surprenait après avoir quitté sa forêt. Il ébouriffait ses songes. Sirocco d’attaque, il captait sa chaleur pour s’infiltrer dans son lit ! D’abord ébahie puis elle passait ses brindilles de l’autre côté, et finissait par s’enraciner contre le mur de la peur et du silence.
Ô Peu importait aux branches la rébellion, il continuait à se tendre, à s’enrouler de proie à l’intérieur de ce bosquet.
Intermède
Père : Je crie ma haine à la famille. Honte d’en faire partie. Circulez, lignée de canailles !
Dans cette chambre, c’était toujours pareil. Comme en proie à la bourrasque, les rapaces du ciel quittaient l’arbre noir précipitamment pour l’aider à faire ployer la brindille. En guise de punition, ils l’abattaient au fond, contournant les rafales ; Ciel ! un jour, l’axe de son épaule s’était abaissé sous le poids de la branche, avant qu’elle ne cédât aux forces de l’hiver. Ô, sur la couche, on n’avait voulu que la recouvrir de chaleur pour éviter les frimas de l’ombre et de la terre, mais l’arbre n’eût jamais fini, il avait voulu jaillir du bois, non pas pour un simple bonsoir mais pour une litanie dans le soir.
Silence de la nuit
Ah ! ces souvenirs qui vous reviennent ! La douleur chronique qui vous réveille, on voit l’amant, le père, ce charlatan et nos soumissions de tendres têtes à leurs besoins. Ces embrassades qui vous honorent, ces menaces qui vous convainquent ! Des carnets de songes qui survivent plus tard comme des lanternes mal éteintes. Leurs émergences brisent l’accès au monde des meilleurs. Les prières de l’enfance n’ont pu effacer les menaces suivies de sanctions et des cendres recouvrent à jamais nos corps et nos têtes ;
C’est ainsi qu’une autobiographie d’annales s’éparpille sur une personne tout entière.
Toujours, son bois vivait et balançait, comme un métronome régulier, porté par les rafales des vents mauvais. Le visage exsangue s’altérait quand il traversait l’ouragan, guettant la rebuffade sur la couche. Alors il parlait et elle écoutait la voix murmurer : “ N’aies pas peur, il est là, il te voit, il ne te fera pas de mal, peut pas s’en s’empêcher, impossible pour moi d’aller les voir, tu sais ». Il parlait des autres grandes fleurs bien sûr.
Le concert
C’était un concert de tonalités en futaie. Et les yeux de Brindille pleuraient… de rire. Baryton pour l’aube, grave au Midi, délivrance basse au couchant ; on suintait sur elle de résine âcre comme un serpent visqueux autour de son corps et c’est alors qu’il fallait deux silex flamboyants dans ceux de son adversaire pour le tuer. Dans la nuit, ses rires s’entendaient inonder l’oreiller. Comme une Nubile, ses pupilles continuaient de guetter le jour qui se levait. Et son cerveau de chronométrer sur ses doigts le temps de la fin. Quelques secousses encore et l’arbre, sous le vent, allait s’abattre. Les minutes passaient, la délivrance du monceau de terre n’était pas loin ; L’arbre finissait toujours par rentrer au bois éteignant l’éclat diabolique des bourgeons marrons. L’affaissement de ses branches était le baliveau à qui il manque de l’eau.
Et puis, les feuilles, arrachées à la violence du vent, jonchaient joyeusement la descente de lit du tapis en mousse, point final enfin de ces nuits.
Il était mort sur elle avant de mourir sur la Terre. Créatures vénériennes disparaissant dans la nuit, si vous aviez eu la parole, vous m’auriez demandé de me taire…
Le mauvais œil ?
La vision du père pour ses enfants pourrait être d’une nature imaginaire très solide, alors ?
Comment peut-on devenir la clarté intérieure d’un homme reconnu de tous et médaillé du Grand Ordre National ?
Les racines deviennent encens, prophète psychiatre éclairez-nous donc !
Appeler le 119
Enfance en danger