Cette jeune femme que nous appellerons Micheline, selon ses dires, s’était toujours nourrie selon les principes d’une alimentation traditionnelle composée de viandes, fruits et légumes, pain blanc, fromages, gâteaux, bref la nourriture de Madame tout le monde.
A la naissance de son premier enfant, à 24 ans, le mari n’avait d’yeux que pour ses belles joues rouges et bombées comme des fruits mûrs.
Pourtant, aux dix ans de sa fille Alex, signa sa première bizarrerie, elle se mit à peser l’intégralité des aliments qui composaient ses repas.
C’est en raison d’ « un mal général qui semblait vouloir attirer sa vie vers le destin inorganique des choses« , et d’un amaigrissement, qu’elle décida enfin de changer le cours de sa vie. Une asthénie, de la fatigue, épuisée par le moindre effort, un teint qui prit ensuite une couleur jaune paille, achevèrent de la convaincre.
Cette personne avait toujours été femme au foyer. Bien plus tard comme elle nous le racontait, son but était de conserver un équilibre physique intellectuel, normal et productif.
Alors, Micheline, très perturbée par l’image renvoyée dans le miroir, se plongea avec passion dans des livres de nutrition. Elle lut, plus particulièrement, celui de Jacques Ménétrier qui révéla son diagnostic sur l’énergie, qu’il appelait « polarisation progressive des échanges organiques ».
L’inactivité de Micheline, lui permit de pratiquer sur elle l’empirisme et la méthode par des mesures d’observations au moyen de pesées alimentaires journalières, « d’expériences » qu’elle étendit par jeu sur son mari et sur sa fille. Une alimentation contrôlée pouvait-elle guérir dans son esprit ? Pas si sûr ! Car, comme elle le déclarait avec honnêteté, elle voyait un médecin et se portait on ne peut plus mal ! Celui-ci lui parlait signes cliniques, malnutrition, dystonies perturbant un équilibre potentiel vital.
Son mari alla même raconter que ce médecin généraliste, en homme savant et sensé, l’interrogeait déjà sur l’origine des dictionnaires de médecines bien alignés à l’intérieur de sa tête de lit en merisier, lorsqu’il venait l’ausculter. Ce dernier l’aurait tancé d’ailleurs vertement lui conseillant en même temps de les mettre immédiatement à la poubelle si elle ne voulait pas devenir neurasthénique !
Mais, en même temps, il avait prescrit des analyses.
L’hémogramme révéla une anémie, une infection chronique, peut-être liées à une inflammation, causes de ses désordres pathologiques. Ses globules blancs était à 3400 contre un taux normal de 5000. La formule leucocytaire laissait apparaître 1 % monocytes contre la normale 4, une éosinophilie discrète, 8 au lieu de 5, une leucopénie moyenne. Les polynucléaires neutrophiles étaient passés à 83. Le protéinogramme signalait les caractéristiques des globulines avec des normes inférieures pour toutes. Pour les normes de statistiques de biochimie, ce n’était pas mieux : le fer sérique était de 25 alors que la normale était 45. Magnésium, calcium se trouvaient en dessous des constantes biologiques inférieures. Seul le cuivre présentait un pourcentage à peu près normal.
La barre de floculation basse devait être remontée très vite. Sa vitesse de sédimentation était augmentée plus que la normale, sans pour autant être atteinte de maladie grave du sang, tuberculose ou rhumatismes inflammatoires ou encore déjà cancer.
En termes clairs ces examens et actes l’exposaient dans ce que Marc Callum appelait « la zone crépusculaire de l’instabilité nutritive » à ce que certains auteurs contemporains ont nommé « la pré-maladie redoutable ».
Cette dame encore jeune, glissait vers la cachexie en raison de la pénurie de ses carences et de la dénutrition, si elle n’y prenait garde. Tout ceci s’accompagnait d’autres symptômes nutritionnels comme de mauvaises digestions, un sommeil perturbé, une nervosité et de l’irritabilité incontrôlable.
Vive l’alimentation pesée et équilibrée rageait-elle ! Ce fût en fonction de tous ces paramètres qu’elle décida, de lâcher les dosages alimentaires, considérés comme bien secondaires et d’avoir recours à l’alimentation végétarienne. Elle commença, à ce moment-là, à parler de cette excellente Loi rédigée pour les fanatiques, par laquelle il était interdit de manger nos Amis les animaux.
Un changement constant d’alimentation n’est jamais souhaitable. Pour essayer d’aller mieux, et stimulée par certaines idées en vogue dans les réunions organisées par différentes associations, comme la « Vie Claire » et certaines conférences sur les problèmes de la santé, elle commença par supprimer la viande par intermittence de son alimentation puis n’en mangea plus. Elle la remplaça par un apport de 100 à 150 g de céréales et 200/250 g de pain complet.
Pour nous les professionnels nutritionnistes, ce nouveau régime avec apport de céréales et pain complet établissait un bon équilibre phosphore/calcium avec 20 mg en plus et améliorait ses fonctions cérébrales et intellectuelles.
Dans son foyer, ses « extrapolations » étaient très mal comprises. Selon les paroles de son mari obnubilé par la maigreur de sa femme : « Elle a regrossi, je l’avoue ; mais elle est de ces personnes qui ne sont occupées que d’elle-même et de leur santé et qui pensent que le genre humain doit se prosterner devant leurs piètres écrits ».
Il va sans dire que les nouveaux ingrédients d’une alimentation sans viande peuvent entraîner une surminéralisation. Dans ce cas, les jus de légumes, sont les meilleurs alliés. En outre, un nouvel équilibre alimentaire peut apporter des ressources vitales insoupçonnées, un bien-être, des forces, de l’entrain. Ce mieux-être peut être ressenti dans les muscles, les organes, le sang, le corps tout entier, et nous sommes persuadés qu’une alimentation rationnelle végétarienne équilibrée respecte les principaux équilibres alimentaires satisfaisant aux besoins de l’organisme.
D’ailleurs les nouvelles analyses de Micheline allaient dans ce sens. Les normes des statistiques étaient remontées concernant les éléments de biochimie. Les globulines avaient réduits les écarts inquiétants et la VS était redevenue normale.
Attention toutefois, quand on décide d’adopter un régime végétarien à ne pas manquer de protéines et d’acides aminés essentiels. Par expérience, les acides aminés et la qualité des protéines doivent se retrouver dans l’alimentation. Les protéines contenues dans les viandes, poissons et œufs apportent des acides aminés essentiels. En revanche, les protéines céréales et légumes secs, ne contiennent pas tous les acides aminés essentiels. Il faut donc savoir faire des associations différentes de protéines végétales contenant tous les acides aminés essentiels.
En conséquence, un régime végétarien, bien conduit, ne peut qu’améliorer l’état de santé en raison de la diminution de toxines animales dans le corps. En voici la preuve.
Micheline était guérie de ses maux. Et comme elle devint végétarienne elle le resta car elle n’aimait pas la viande.