Pathologie de la parfumerie et de l’aromatique

Blog Arts essentiels - webmaster Geneviève Reiter - Bordeaux

 

Suivre le lien des informations importantes pour lire la suiteSi la nature nous offre des armes, sachons les utiliser d’une manière empirique avec les recherches des Anciens.

 

 

 

Selon les Anciens, l’usage des plantes et des essences pouvaient permettre des « miracles » en matière de guérisons. Les Égyptiens antiques savaient déjà trépaner, anesthésier par des macérations vineuses de plantes …D’une façon générale, en ce qui concernait les plantes, les légumes et les fruits, les exemples abondent qui prouvaient la réalité de leurs actions multiples, généralement puissantes au cours de leurs siècles.

Ainsi Montaigne en parlait déjà presque lorsqu’il disait que « les médecins pourraient tirer des odeurs plus d’usage qu’ils ne font, car j’ai souvent aperçu quelles me changent et agissent en mes esprits suivant ce qu’elles sont ». Mais certains travaux du XXème siècle, ont permis de découvrir dans les essences de plantes des principes divers, hormonaux,  hautement bénéfiques, qui expliquent leur action d’aujourd’hui sur le physique et le psychisme, après utilisation.

Parfumerie et fleurs, prudence

Il sera question plus bas des plantes allergisantes.

Alors,  demander aux médecines parallèles des guérisons miraculeuses, quoique on lise souvent le contraire, c’est aller bien au-devant de désillusions. Dans toute chose il y a toujours les avantages et les inconvénients.

De nombreuses personnes intoxiquées par les médications chimiques se trouvent plus satisfaites des thérapies dites naturelles qu’allopathiques et ont recours aux essences de plantes ne voulant plus prendre aucun risque avec cette médecine. En conséquence, le médecin traitant laisse le choix, voire les informe mais ne doit jamais omettre de les mettre en garde contre les mauvaises utilisations de ces essences. 

Oubliées pendant plusieurs années, ces thérapies par les essences aromatiques sont, pour une grande partie de l’opinion, redevenues – d’ores et déjà – des vedettes en matière thérapeutique. En face d’accidents connus de bouche à oreille, de scandales sanitaires rapportés dans les médias,  provoqués par des erreurs, des intérêts pharmaceutiques, des médications chimiques et de synthèse devenues agressives, de nombreux malades ne veulent plus être traités que par les seules thérapeutiques naturelles, au premier rang desquelles il est juste de placer les plantes et les essences.

Toutefois,  il ne faut pas perdre de vue que certaines essences naturelles, mal utilisées peuvent se révéler dangereuses voire même toxiques pour la santé et doivent être prescrites par un praticien phyto-aromathérapeute qui connaît bien les inter-réactions et les dosages. En effet, une grande prudence s’impose lorsqu’on veut passer de la connaissance à la pratique : de graves problèmes peuvent arriver si on est mal informé. De sorte que, bien souvent, seul ce praticien est apte à prescrire ces essences de plantes et une personne non initiée devra se procurer des références très précises avant de se lancer dans l’utilisation de la phyto-aromathérapie..


Étude réalisée. Observations formulées par un médecin du travail

L’Aromathérapie a depuis plusieurs années retrouvé ses lettres de noblesse. Mais si les traitements par les huiles essentielles sont bénéfiques, à condition d’être naturelles, leurs manipulations pourront provoquer des troubles si on ne sait pas les utiliser.

Il a été relevé cet article du Dr Camatta (de Grasse)

Voici une étude parue dans le journal de médecine de Lyon. Elle est le résultat de vingt années d’observation sur les affections professionnelles inhérentes à l’industrie de la Parfumerie. L’effectif soumis à leur surveillance médicale est d’environ 2 500 personnes, mais seuls les 1 500 employés aux fabrications proprement dites sont concernées dans cette étude. Compte tenu des départs et nouveaux embauchés, leurs observations ont porté sur un effectif de 2 120 personnes. La stabilité de l’emploi est assez remarquable dans notre Industrie, il s’agit à 90 % d’une main d’œuvre locale très attachée à son terroir où il est de tradition de travailler dans les Usines de parfumerie.

Manifestations pathologiques. Ce médecin et ses alter ego ont étudié les différentes manifestations pathologiques suivant leur nature, leur fréquence et celle-ci en pourcentage calculé non pas sur le nombre total des travailleurs de notre Industrie, mais par rapport au nombre de ceux qui ont été exposés aux risques. Cette approche n’est pas parfaite, car ils ont souvent des mutations temporaires de service à service. Par ailleurs, disent-ils, suivant le travail effectué, le « contact » avec tel ou tel produit n’est pas le même comme nous allons le voir.

Les manifestations allergiques. Ils n’ont pas examiné les maladies de la profession ayant pour origine directe les moyens d’extraction. Ces moyens ne sont pas propres à la profession, il s’agit particulièrement des solvants, des acides, des bases, etc. dont les nuisances sont communes à des nombreuses industries. Leurs observations ne concernant que les matières premières ou dérivés synthétiques inhérentes à l’Industrie de la Parfumerie et de l’aromatique. Il s’agit presque essentiellement de manifestations allergiques cutanées ou respiratoires dont l’évidence et l’origine sont indiscutables. Ils n’ont pas tenu compte des « patraqueries » digestives par exemple, qui sont trop imprécises et variables suivant les intéressés. Certains accusent en effet « les odeurs » de leur donner des crises de foie, or il n’existe aucune définition précise de la crise de foie : il s’agit d’une véritable entité morbide bien française et qui couvre toute la pathologie digestive fonctionnelle.


Les plantes allergisantes

REACTIONS DERMIQUES, ALLERGIQUES, ECZEMATEUSES

En cause :
1 – La Citronnelle

Il s’agit en général d’un eczéma suintant atteignant la face externe des mains, les espaces interdigitaux, les avant-bras et rarement d’autres régions. Cet eczéma atteint les ouvriers employés dans les ateliers de fabrication où l’essence est manipulée journellement et les magasins de stockage. Il a été relevé 21 cas sur 250 sujets exposés. Fait remarquable, si la citronnelle provoque ces phénomènes, ses dérivés l’hydroxycitronellal et le Géraniol technique n’ont pas été incriminés avec certitude.

2 – Tous les produits terpénés

En particulier les essences d’agrumes sont connus pour leurs réactions dermiques allergiques. Les manifestations cutanées sont analogues à celles dues à la citronnelle, mais la localisation aux mains est exclusive et se complique quelquefois de crevasses et de surinfection. Sur environ 220 sujets exposés, ils a été relevé 16 Cas. La totalité de ces cas s’étant manifestée dans les ateliers de stockage où ces produits sont manipulés.

3 – La mousse

Autrement dit les lichens de chêne ou de conifères sont responsables d’eczémas secs à tous les stades de fabrication, avec prédominance dans les ateliers d’extraction où les mousses brutes sont manipulées (8 cas sur 300 sujets exposés).

4 – L’essence de Vétyver

A pu être rendue responsable dans un seul cas de dermite aiguë.

5 – La vanille

Elle présente un cas particulier où les phénomènes de sensibilisation sont à exclure dans les manifestations de dermites aiguës des régions du corps découvertes : visage, mains et avant-bras, manifestations qui se produisent exclusivement lors du broyage des gousses. Cette dermite aiguë atteint un individu sur quatre exposés ce qui est considérable. Cette réaction a lieu au premier contact si elle doit se faire, ce qui exclue toute sensibilisation. Par contre, les sujets n’ayant eu aucune réaction au cours des premières journées de travail au broyage ne présenteront plus jamais cette affection.

Nombre de cas relevés :
Il a été noté 28 cas d’intolérance sur 120 ouvriers qui ont été employés au broyage des gousses de Vanille. La pathologie de cette dermite aiguë n’a jamais été élucidée et diffère absolument des rares eczémas dus aux manipulations ultérieures du produit d’extraction et de purification de la Vanille (3 cas). Selon eux, on peut rapprocher du cas de la Vanille celui du figuier qui provoque, rarement des manifestations analogues. Toutes les parties découvertes du corps présentent un rach très prurigineux au contact des feuilles.

Les feuilles :
Ces faits sont relativement rares car les manipulations de feuilles n’ont lieu que quelques jours par an au début de l’automne. Par contre, ces faits sont très connus des jardiniers et propriétaires de figuiers, il existe même quelques observations de certains individus sensibles au simple séjour sous un figuier et encore lors de l’élagage de l’arbre. (Il suffit que certaines personnes passent à proximité d’un eucalyptus pour se sentir oppressées. Chez elles, une préparation à base d’eucalyptus peut déclencher une crise d’asthme plus ou moins violente).

LES IRRITATIONS CHRONIQUES DES VOIES RESPIRATOIRES

La poudre d’iris

Inhalée lors du broyage et du chargement des appareils de distillation ou d’extraction elle peut provoquer une irritation aiguë se manifestant par une dyspnée asthmatiforme avec bronchorrhée et expectoration de sang. L’Iris est une fleur allergisante.  Il ne s’agit donc pas d’un simple effet poussière, mais d’une pneumoconiose spécifique due à l’inhalation de la poudre d’Iris totale avant séparation des produits volatils ou solubles. Il en a été noté 5 cas sur 60 sujets exposés. Il est également probable que certains ouvriers soient atteints après un certain nombre d’années de bronchites chroniques d’aspect banal, il s’agit alors d’une simple irritation par effet poussière.

La Mousse d’arbre

Elle provoque également une irritation des voies respiratoires lors des manipulations, du broyage et du chargement des appareils extracteurs ; il n’a jamais été observé d’accidents aigus comme avec l’iris. Mais en raison des réactions cutanées, il est fort probable qu’il s’agit d’une pneumoconiose. A noter que les ouvriers en contact avec ces produits pulvérulents ou poussiéreux sont munis de masques dont ils ne se servent pas toujours, en particulier en période estivale ou le port de ceux-ci est plus ou moins pénible.

Le Lyatrix

Lors de l’extraction des Coumarines, il dégage des vapeurs qui provoquent une irritation des voies respiratoires supérieures avec éternuements, rhinorrhées et épistaxis. Ces phénomènes s’étant produits chez 4 personnes sur employées à cette fabrication, l’appareillage a été modifié par captage des vapeurs, aspiration et rejet en dehors du Laboratoire. Dans le cas du Lyatrix, il n’a pas pu être incriminé l’action anticoagulante des dicoumaroles qui ne sauraient agir par simple contact avec les muqueuses, mais ingestion.

EN CONCLUSION

Certaines matières premières traitées ou transformées dans l’industrie de la parfumerie sont à l’origine d’affections professionnelles aiguës ou chroniques. Mais pourquoi les sujets atteints sont-ils principalement les ouvriers travaillant dans les ateliers de fabrication ou dans les magasins de stockage des produits appelés huiles essentielles ? Il est rarissime d’observer des réactions allergiques au stade des compositions et laboratoires de parfumerie.

Les conditions de travail seraient plutôt en cause. Les ouvriers de fabrication manipulent de grandes quantités de produits dans les ateliers où les appareils de distillation, extraction ou fractionnement sont source de chaleur, la transpiration modifiant les défenses naturelles de la peau. Dans les magasins de réserve où se prélèvent les produits destinés aux compositions, les employés, pour éviter les souillures, doivent se laver les mains soigneusement et ce nettoyage fréquent entraîne une élimination des amino-acides protecteurs des téguments.

 Ces conditions ne sont pas les mêmes dans les fabrications plus élaborées, c’est-à-dire au stade des « Compositions » et des laboratoires de parfumerie. Peut-être que ces manipulations y sont effectuées dans de meilleures conditions et que les épidermes intacts sont moins sensibles aux agressions éventuelles. Sans doute aussi les produits arrivés à ce stage ont ils perdu une grande partie de leur agressivité potentielle.     

Seul un médecin est habilité à poser un diagnostic en cas de maladie.  La médecine naturelle non conventionnelle, ou uniquement allopathique,  sera au choix de chacun. Malgré les pouvoirs bienfaisants des  huiles essentielles, le traitement par les essences des plantes demande un avis médical.

 

Co-auteur, Geneviève Reiter, avec Yvonne Chatillon,
Stages et études en phyto-aromathérapie ;
Née à Neuilly sur Seine, habitant Bordeaux (33), près de la mer !
Passionnée de médecines naturelles, naturopathie, bridge et spiritualité.

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