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Que sont les essences aromatiques

L’homme a généralement tendance à croire que ce qu’il observe sous ses yeux n’appartient qu’à son époque

Or, « qui fait fi du passé est bien près de sa perte » disait, à peu près, le Maréchal Foch. Mais il faut bien se garder d’aller jusque là à propos des essences.


Mais que sont les essences aromatiques ?

Car la Chine, l’Inde, la Perse paraissent être les pays où la distillation des plantes se pratiquait il y a des millénaires. Les Égyptiens la connurent, en instruisirent les Grecs qui, à leur tour, initièrent les Romains.

Les Égyptiens paraissent avoir su préparer une essence de conifère 40 siècles avant notre ère : du bois de cèdre était chauffé dans un vaisseau d’argile dont l’ouverture supportait sur une claie des fibres de laine. On comprimait alors la laine pour libérer l’essence dont elle était imprégnée.

Les Arabes découvrirent, quelques milliers d’années plus tard, au Moyen-âge, la distillation des plantes.

Vers le 13è siècle, la pharmacie naissante favorisa le développement de la distillation. C’est l’époque où les « maîtres-gantiers » obtinrent l’autorisation de déposer des parfums sur leurs gants et aussi de vendre des huiles parfumées.

L’essence de romarin fut, à cette époque, une des premières à être isolée (Ramon Lull, né à Majorque).

Au 16è siècle, l’industrie produisait en Provence les essences de lavande et d’aspic. Le commerce en fut, dès cette époque, particulièrement florissant à Montpellier, Narbonne et Grasse. « Les médecins pourraient tirer des odeurs plus d’usage qu’ils ne font « écrivait Montaigne dans le même temps.

Gildemeister estime qu’au 15è siècle étaient connues les essences aromatiques d’amandes amères, d’aspic, de cannelle, de cèdre, d’encens, de genièvre, de mastic, de rose, de sauge. Un siècle plus tard, près de soixante essences supplémentaires avaient été découvertes parmi lesquelles celles d’absinthe, d’aloès, d’angélique, d’anis, de basilic, de bryone, de camomille, de cardamone, de carvi, de céleri, de citron, de coriandre, de cumin, de fenouil, de gaïac, de galenga, de gingembre, de girofle, d’hysope, de laurier, le lavande, de macis, de marjolaine, de muscade, de mélisse, de menthe, de myrrhe, d’orange, d’origan, de persil, de poivre, de rue, de safran, de santal, de sarriette, de sassafras, de serpolet, de tanaisie, de thym.

Au début du 17è siècle, avec les essences d’armoise, de bergamote, de buis, de cajeput, de cerfeuil, de cyprès, de moutarde, de néroli, de pin, de sabine, de thuya, de valériane et bien d’autres encore, se trouvaient isolées la plupart des essences utiles d’Europe comme du Proche-Orient.

Sous Louis XIV, il fut de bon ton de s’intéresser à des compositions d’essences portant son propre nom et l’on voit apparaître la poudre « à la Maréchale » de la Maréchale d’Aumont et quantité de parfums, crèmes, cosmétiques affublés du patronyme d’un de ces grands Messieurs ou d’une quelconque grande Dame. Mais la malpropreté régnante entraîna un abus des parfums tel que le Roi Soleil, à la fin de son règne, les interdit purement et simplement.

Dès le 18è siècle, on commença à contrôler les falsifications des huiles essentielles. C’est à cette époque que JM Feminis créa « l’eau admirable » qui devient « l’eau de Cologne ». Un de ses neveux, JM Farina, vint à Paris fonder une maison pour la vente de ce produit.

Le 19è siècle vit apparaître les premières analyses. On sait, depuis 1818, que tous les hydrocarbures terpéniques présentent une proportion constante de cinq atomes de carbone pour huit d’hydrogène. En 1825, Boulet découvre la coumarine.

L’appellation de « terpènes » est due à Kékulé, en 1866 et l’année d’après on prépare, pour la première fois, l’aldéhyde benzoïque par un procédé chimique. En 1868 Perkin obtient la synthèse de la coumarine et en 1876, G. de Laire fonde à Parie, rue Saint-Charles, la première usine pour la préparation des parfums synthétiques.

En 1882, on établit la constitution de l’eugénol, élément fondamental de l’essence de girofle.

En 1887, apparaît le premier musc artificiel. On voit que nous n’en sommes plus aux premiers balbutiements du synthétique et de l’artificiel. Nous venons de faire nos débuts dans l’ère chimique et c’est précisément depuis cette époque que les humains des nations occidentales commencent à absorber dans leur alimentation des colorants chimiques, des produits conservateurs, précédant les antibiotiques et les hormones synthétiques, générateurs – de l’avis de nombreux auteurs – de toutes les maladies redoutables appelées, à juste titre, « maladies de civilisation ».

Parmi ces maladies figurent notamment les affections cardio-vasculaires, les allergies et, comme nul ne l’ignore, le cancer. Or, pour A. Tyler, professeur d’embryologie à l’Institut de technologie de Californie, le cancer ne serait qu’une forme d’allergie. Quoi qu’il en soit, ce n’est probablement pas dans la chimie que se trouve la guérison future du cancer, précisément souvent provoqué, semble-t-il, ou favorisé par de nombreux produits de synthèse. Il est possible de fonder de nombreux espoirs dans l’utilisation des essences naturelles eu égard à la lutte contre la cancérose.

Parmi ces essences, plusieurs se sont déjà acquis certaines lettres de noblesse, de même que le citral et le linalol, dont on étudia la constitution dès 1890 ainsi que d’autres alcools et aldéhydes acycliques importants tels que le citronellal et le géraniol.

ACTUALITÉS

Pour info,  voici, par ailleurs, les principaux produits odorants tirés des animaux :

a) L’ambre gris : c’est un calcul formé dans le tube digestif de certains cachalots adultes de grande taille. Son prix de revient, on le conçoit, est très élevé.

b) Le musc est produit par le chevrotin mâle porte-musc, des montagnes de l’Asie Centrale (il existe chez les animaux, entre le nombril et les organes sexuels, une poche où se dépose la substance odorante).

c) La civette est fournie par un mammifère carnivore, la civette, que l’on trouve surtout en Abyssinie, en Guinée, au Sénégal.

d) Le Castoreum, procuré par le castor du Canada ou de Sibérie, est la moins employée des substances animales.

La fumée dégagée par l’ambre chauffé, le musc ou le castoreum, serait un mode de prévention de la crise épileptique.

Ainsi, comme nous venons de le constater, ce n’est pas de ces toutes dernières années que datent les premières analyses qui ont permis de sonder la constitution des plantes et des essences. (1)

C’est en 1907 que fut découvert  l’hydroxycitronellal  dont l’importance est demeurée capitale en parfumerie.

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